Le dressage
Le dressage a ses origines les plus lointaines dans le système progressif d'éducation des chevaux décrit par le général et historien grec Xénophon (vers 430-355 avant J.-C.). Dans ses ouvrages L'Hipparque et De l'Equitation, il traite de l'équitation comme d'une science doublée d'un art. Ses méthodes de dressage sont empreintes d'une douceur et d'une psychologie qui restent encore d'actualité.
Lorsque les écuyers de la Renaissance commencèrent à enseigner les "aires classiques" à leurs montures, ils cherchèrent naturellement leur inspiration dans les traités de Xénophon. Bien qu'il ait vécu il y a plus de 2000 ans et qu'il ait monté sans selle, avec un harnachement rudimentaire, il est tout à fait probable qu'il reconnaîtrait immédiatement des mouvements comme le piaffer ou le passage, qui sont inclus aujourd'hui dans les concours de dressage, et que les voltes et les serpentines qu'il présentait avec une grande lucidité dans ses écrits ne le surprendraient pas outre mesure.
Lorsqu'elle commença à fleurir en Europe, au XVe siècle, l'équitation classique s'inspira des écoles italiennes, en particulier de celle de Naples, fondée par Federico Grisone, mais lorsque l'Ecole espagnole de Vienne fut créée, environ un siècle plus tard, l'influence la plus importante était désormais exercée par les maîtres français, dont l'art connut son apogée avec les Ecoles de Versailles et de Saumur.
Le plus grand maître de l'équitation classique fut incontestablement le Français François Ribochon de la Guérinière (1688-1751), qui dirigea le Manège royal des Tuileries, à Paris, de 1730 à 1751.
La Guérinière, dont les principes sont appliqués sous leur forme la plus pure par l'Ecole de Vienne, prônait une équitation naturelle, sans brutalité, qui n'a pas été dépassée de nos jours. A l'origine de la plupart des mouvements classiques d'aujourd'hui, il fut le premier à pratiquer le changement de pied au galop et introduisit le tête au mur et le croupe au mur. Il est surtout le créateur du mouvement fondamental, l'épaule en dedans.
Au XIXe siècle et jusqu'après la Première Guerre mondiale, les écoles de cavalerie européennes basèrent leur enseignement sur les méthodes de l'équitation classique. Elles dominaient la pensée équestre, et les épreuves de sélection du "cheval de bataille le mieux entraîné", organisées dans chaque école, préfigurèrent les reprises des concours de dressage actuels.
Le dressage fut admis comme discipline olympique individuelle aux Jeux de Stockholm de 1912. Les trois premières places revinrent aux Suédois, à cette époque les meilleurs cavaliers d'Europe, qui remportèrent également le saut d'obstacles par équipes et le concours complet individuel et par équipes, exploit qu'ils renouvelèrent à Anvers en 1920, tandis qu'ils prenaient de nouveau les deux premières places au dressage individuel à Paris en 1924 et se classaient deuxième derrière l'Allemagne, au dressage par équipes introduit pour la première fois aux Jeux d'Amsterdam de 1928.
Les épreuves de dressage des Jeux de 1912 se déroulèrent dans une carrière de 40 mètres sur 20, et demeurèrent à un niveau qui serait considéré aujourd'hui comme très élémentaire, sans mouvements latéraux ni changements de pied au temps, et bien sûr sans piaffer ni passage. Une épreuve de saut, comptant cinq obstacles, était par ailleurs comprise dans la compétition, et ne fut définitivement supprimée qu'après la Seconde Guerre mondiale.
Les contre-changements de main au trot et au galop et les changements de pied au temps apparurent aux Jeux d'Anvers de 1920, ainsi qu'un système de coefficients hiérarchisant les mouvements. Il fallut attendre les Jeux de Los Angeles en 1932, pour que le passage et la piaffe soient intégrés aux épreuves olympiques, et les Jeux de Berlin, en 1936, pour que soient présentées les pirouettes au galop.
Après la Première Guerre mondiale, la cavalerie traditionnelle fut peu à peu supplantée par des corps d'armée motorisés, les écoles d'officiers fermèrent leurs portes et l'influence des militaires dans les disciplines équestres ne cessa de s'affaiblir jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.
Tout en continuant de respecter les principes établis aux siècles précédents, le dressage moderne tend à devenir une discipline sportive à part entière, se différenciant de plus en plus nettement de l'idée d' "art équestre" impliquée dans l'équitation classique. Apprécié de nos jours par un grand nombre de cavaliers, il permet à ceux qui le pratiquent d'avoir une meilleure connaissance du cheval et de l'équitation. Son objectif et les satisfactions qu'il apporte ont été définis d'excellente manière, à la fois claire et concise, par la Fédération équestre internationale (FEI): "Le dressage a pour but le développement harmonieux de l'organisme et des moyens du cheval. Il a pour conséquence de rendre l'animal à la fois calme, souple, délié et flexible, mais aussi confiant, attentif et perçant, réalisant une entente parfaite avec son cavalier."
Pierre Rossy
Vice-Président de la F.L.S.E. - Fotos: Fam. Rossy
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